Intervention of President Charles Michel at the plenary session of the European Parliament
Merci pour me donner l’occasion de m’exprimer dans un débat qui est essentiel parce qu’il fait vivre la démocratie européenne, même quand nous sommes confrontés à des circonstances dont le caractère est sans précédents, exceptionnel.
Je voudrais naturellement adresser mes premiers mots en soutien pour celles et ceux qui, directement ou indirectement, sont affectés par cette crise, par ce virus qui frappe l’Europe et qui frappe également le monde. Et comme vous l’avez fait, dire aussi nos remerciements et notre gratitude pour toutes les citoyennes, tous les citoyens, notamment sur le plan européen, qui se sont mobilisés pour accepter des restrictions tellement exceptionnelles à des libertés tellement fondamentales et tellement élémentaires qui touchent très directement l’intime de chacune et de chacun d’entre nous. Vous dire également que dans un moment tel que celui là, il ne peut y avoir le moindre doute, la moindre hésitation. La seule option possible est de se serrer les coudes, se serrer les coudes entre citoyens, entre pays, avec l’ensemble des régions dans le monde. Et c’est cela qui fonde la détermination et l’action que l’on doit, institutions européennes, mobiliser les uns avec les autres.
Je voudrais partager avec vous quelques unes des informations pour montrer de quelle manière, au départ du Conseil européen, avec les États membres, nous tentons également de prendre un certain nombre de responsabilités. Trois conseils européens par vidéoconférence ont été dédicacés à cette crise du coronavirus et à cette ambition de tenter d’améliorer considérablement, jour après jour, la manière de coordonner les actions, la manière de coopérer entre pays européens. Vous avez compris que la première ambition quand on a mesuré l’ampleur prise par cette crise, a été de travailler pour réduire la propagation du virus et donc d’encourager la prise de mesures avec des restrictions aux frontières qui ont un impact sur le fonctionnement de l’Union européenne, singulièrement du marché intérieur, avec aussi la mobilisation pour tenter de soutenir nos chercheurs, faire en sorte que l’on puisse être mobilisés sur les vaccins, sur les thérapies. C’est dans ce sens là, dans le cadre du G7, du G20, en pleine coopération avec la Commission européenne, nous tentons de mobiliser des efforts, d’encourager, au travers par exemple d’une conférence “pledging”, à ce qu’une mobilisation pour que l’on puisse le plus vite possible être en mesure de détenir sur le plan scientifique, les solutions au travers du vaccin et des thérapies.
Pour être très concret et très direct: le dernier Conseil européen a donné un double mandat à la présidente de la Commission et au président du Conseil européen, celui de travailler sur une “roadmap” qui porte à la fois sur la formulation de recommandations, de principes, de bonnes pratiques pour encourager une coordination maximum entre pays européens quand on pourra rentrer progressivement dans la phase d’”exit”, la stratégie de sortie progressive de ces mesures restrictives qui ont dû être décidées par la plupart des pays européens, avec des intensités variables, mais toujours avec une approche qui est en réalité similaire.
La deuxième partie du mandat porte sur l’idée de proposer aux chefs d’État ou de gouvernement une stratégie conjointe commune pour être en mesure progressivement, à court, moyen et long terme, de développer une stratégie de relance économique, j’ai envie de dire aussi de transformation économique parce que je suis convaincu, comme beaucoup, qu’il faudra tirer l’ensemble des leçons de cette crise et voir de quelle manière on peut aussi faire en sorte que demain il y ait plus de force, plus d’efficacité, plus de coopération, plus de capacité de travailler ensemble.
I would like to share with you what are in my opinion the four chapters for which it is very important to try to open the debate and try to take some decisions together, to take steps together.
The first priority, in my opinion, in order to succeed in such a recovery strategy is certainly the single market. How is it possible to repair the single market as soon as possible. But it’s not only that, it is also how is it possible to strengthen, to deepen the single market because it is our first strength at the European level.
It will be essential to try to consider that the European Green Deal and the Digital Agenda will be, no doubt in my opinion, the first priority. It will be a very strong leverage in order to be successful in the next months, in the next years.
I also think that it would be essential to build a very strong industrial strategy and also at the same time to consider the network of the European SMEs as a very strong pillar. It is important, it’s essential to continue to support our SMEs and to give them the possibility to build a strong strategy for the future.
Je pense aussi que la question de l’économie circulaire va devoir être développée davantage. Il y a des propositions très fortes, je le sais, qui ont été débattues déjà au Parlement européen, qui sont annoncées par la Commission européenne parce que cette force du marché intérieur, cette capacité aussi à développer davantage l’économie circulaire, à se fonder sur l’agenda digital, cette transformation au travers du changement climatique également, elle doit nous donner l’occasion d’avoir plus de capacité d’indépendance stratégique au départ de l’Union européenne. C’est aussi pour cette raison que je pense que le rôle international de l’euro doit être pris en considération: plus d’actifs européens solides participent aussi à cette capacité d’avoir cette dimension internationale pour l’euro.
The second important point is, of course, the possibility to develop a very strong strategy in order to invest, to invest massively with the current approach, with the national dimension but also with a European ambition. And it is certain that we will continue all our political efforts in order to reach an agreement regarding the next European budget.
We had the occasion to discuss a lot the last weeks, the last months, about this very difficult topic. But maybe it’s a unique occasion, the next seven years, to see how it is possible with this European budget to give some tools, some possibilities in order to develop this strong strategy, which we need for our common future.
La Banque européenne d’investissement est aussi un instrument que l’on doit utiliser. Vous savez qu’il y a quelques semaines, dans la proposition de “negobox”, avant cette crise coronavirus, j’avais plaidé fortement pour qu’on puisse augmenter le capital de la Banque européenne d’investissement pour accroître sa capacité de levier et de se concentrer sur des investissements. Il est certain que tant qu’il s’agit des investissements, il y a là une dimension de solidarité essentielle en lien avec le marché intérieur, d’ailleurs, parce qu’il va être important de garantir le level playing field et de garantir que tous les pays européens, que tous les États membres, tous les citoyens européens puissent être amenées avec la même ambition de réussir à faire en sorte que l’on puisse relever ce défi auquel nous sommes confrontés.
Le troisième point que je voudrais mentionner, essentiel à nos yeux également, est l’action extérieure de l’Union européenne. L’ambition géopolitique de l’Union européenne, plus que jamais est nécessaire pour promouvoir les valeurs auxquelles nous croyons profondément pour défendre les intérêts qui sont mises à l’épreuve.
Nous le voyons bien singulièrement ces dernières semaines et sur cette question de l’action extérieure, nous sommes très convaincus qu’un focus très spécifique en lien avec la relation avec le continent africain va être important. Je me réjouis que nous ayons pu, avec plusieurs leaders européens, avec plusieurs leaders africains, ces dernières heures, exprimer ensemble des ambitions très, très fortes à court et moyen terme. Il s’agit de soutenir davantage les systèmes sanitaires sur le continent africain, d’ouvrir à nouveau ce débat sur les dettes qui pèsent lourdement sur les capacités d’action au départ du continent africain et de faire aussi en sorte qu’à plus moyen et long terme, on ait une ambition d’investissement intelligent dans un partenariat d’intérêt mutuel avec le continent africain, dans des infrastructures en cohérence avec l’agenda digital, en cohérence avec le green deal, avec le changement climatique. Il y a là, j’en suis totalement convaincu, un intérêt mutuel, une alliance objective que l’on doit pouvoir totalement mobiliser dans les prochains mois et dans les prochaines années.
Enfin, le quatrième point que je voudrais mentionner, c’est l’exigence de poser la question de la gouvernance européenne, poser la question aussi de la résilience européenne, comment peut-on, avec le recul, tirer les leçons de cette crise pour être plus forts demain, pour améliorer des processus de décision, améliorer des processus de coopération.
J’ai l’impression que ce qui a été annoncé, et vous en avez beaucoup débattu, cette conférence pour le futur de l’Europe, peut-être dans les prochaines semaines, dans les prochains mois, quand il y aura la capacité de véritablement démarrer cette ambition là, l’espace politique, l’espace démocratique, pas seulement pour les institutions européennes et pour permettre aux citoyens européens, d’où qu’ils viennent, d’être partie prenante à une ambition commune. Comment peut-on tirer ensemble les leçons?
Enfin, il est certain que dans le cas de cette ambition de pouvoir réussir une stratégie de transformation, une stratégie de redressement, il est certain que les valeurs qui ont fondé ce projet européen, ces valeurs d’unité, de solidarité et de liberté doivent être des points de repère, doivent être des phares qui éclairent le chemin parce que nous devons aborder cette crise, nous devons aborder cette situation, nous devons aborder aussi cette capacité de relever la tête, de sortir la tête hors de l’eau en étant totalement mobilisés sur ces valeurs que l’on doit mettre en lumière, que l’on doit effectivement considérer comme étant centrales et comme étant des forces motrices.
Comme vous le voyez, il y a beaucoup de défis et je pense que l’histoire européenne a montré que c’est lorsque nous sommes confrontés au plus difficile, c’est que lorsque l’on pense que l’obstacle est insurmontable, que bien souvent on trouve la ressource pour se serrer les coudes, la ressource pour se rassembler, la ressource pour être engagés sur le terrain de l’unité, la ressource pour faire preuve de créativité. Cela va être nécessaire, nul doute qu’il y a en Europe des sensibilités, des opinions, des idées différentes sur ce qu’il faut faire à court, moyen et long terme. Je suis totalement convaincu qu’avec de l’optimisme, de la détermination et cette farouche envie de faire vivre ce cœur démocratique européen, de faire en sorte que l’on puisse faire fonctionner nos institutions parce qu’elles garantissent la légitimité de cette ambition européenne, il y aura là de la capacité de faire les pas en avant. Vous pourrez compter sur moi, sur le Conseil européen, pour maintenir un dialogue étroit avec votre assemblée, avec la Commission européenne. Merci pour ce projet de résolution qui effectivement cadre bien le périmètre du travail qui va devoir être mis en œuvre à court, moyen et long terme et vous pouvez compter sur le Conseil européen, compte tenu aussi de la réalité du Conseil européen et de ses 27 États membres qui le composent, pour être partie prenante et tenter d’avancer dans la bonne direction.